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Mar 07

EDF – Actu Energies du 8 mars 2017 – Revue de Presse

Jean-Bernard Lévy : « Nous vivons une période difficile, mais le titre EDF a une forte capacité de rebond »


L’électricien public a annoncé ce mardi matin l’appel au marché prévu depuis avril dernier et destiné à renforcer les fonds propres du groupe.

Vous lancez ce mardi une augmentation de capital de 4 milliards d’euros. Qui voulez-vous faire entrer au capital d’EDF ?

L’Etat, aujourd’hui actionnaire à 85,6 % d’EDF, va souscrire aux trois-quarts de l’augmentation de capital, soit 3 milliards d’euros, pour revenir au niveau de détention de 84,5 % qu’il avait avant de s’engager à prendre, pendant trois ans, son dividende en titres. L’autre volet de l’opération, c’est de trouver de nouveaux investisseurs, disposés à rester actionnaires le plus longtemps possible. Nous venons de rencontrer des investisseurs français, britanniques, allemands et américains, et nous allons ces prochains jours leur présenter l’opération.

Comment allez-vous attirer des petits actionnaires alors que le cours a été divisé par plus de trois depuis son introduction en 2005 ?

Nous avons en France environ 800 000 actionnaires individuels      et nous lançons une campagne pour les informer et leur proposer de souscrire. Le titre a connu des moments glorieux et des moments plus difficiles. Nous vivons une période difficile, mais le titre a une forte capacité de rebond. La dette reste une préoccupation bien que notre signature reste excellente sur les marchés, ce qui fait que l’endettement crée un effet de levier en faveur des actionnaires. En effet, vu des marchés financiers, la dette représente environ quatre fois la capitalisation. Si la valeur totale de l’entreprise augmente, le niveau du cours peut augmenter beaucoup plus vite.

Ce renforcement de vos fonds propres est-il durable ou devrez-vous faire à nouveau appel au marché dans quelques années ?

Les Français ont besoin d’un EDF en bonne situation financière
et cette opération nous permettra de déployer tous les investissements nécessaires à notre stratégie CAP 2030. En additionnant l’augmentation de capital et les dividendes que l’Etat a pris ou va prendre en titres et non en espèces sur les exercices 2015, 2016 et 2017,
le renforcement de nos fonds propres atteindra 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, nous sommes en ligne avec la trajectoire financière définie jusqu’en 2020, qui combine un plan d’économies, une concentration des investissements, des cessions d’actifs à hauteur de 10 milliards d’euros et la consolidation des fonds propres. Au-delà de 2020, nous finaliserons une nouvelle trajectoire financière, au vu des conditions du marché de l’énergie.

L’État redonne aujourd’hui à EDF des milliards d’euros après avoir perçu des dividendes très généreux pendant des années. N’aurait-il pas fallu une politique plus équilibrée ?

Il faut positiver le rôle de L’État. Il a bien compris les difficultés rencontrées par EDF du fait de notre endettement élevé conjugué à l’exposition croissante de nos recettes aux prix de marché, au moment où ceux-ci baissent. Il est réjouissant de voir que l’État sait s’adapter aux cycles.

Les investisseurs ont-ils de l’intérêt pour une entreprise marquée par une forte intervention politique sur les tarifs ces dernières années ?

L’Etat a récemment confié le pouvoir de fixation des tarifs à la Commission de régulation de l’énergie, c’est une décision heureuse pour les investisseurs.

La Cour des comptes a récemment recommandé à l’Etat actionnaire de réduire son taux de détention dans certaines entreprises publiques. C’est aussi votre souhait ?

Le message des investisseurs que nous rencontrons, c’est en effet qu’un flottant plus important améliorerait la vitalité du titre EDF. Mais c’est bien sûr à l’Etat actionnaire de définir sa stratégie. Tant que le flottant reste modeste, nous ne pourrons vraisemblablement pas revenir dans le CAC 40.

Le Conseil d’Etat doit se prononcer prochainement sur la pérennité des tarifs réglementés dans le gaz. Redoutez-vous une disparition des tarifs réglementés d’électricité ?

Les Français sont attachés aux tarifs réglementés. Leur disparition présenterait un risque mais ce serait aussi une opportunité, cela permettrait à l’entreprise de fixer ses tarifs plutôt qu’ils soient fixés par le régulateur. Cela étant, même si une décision de ce type était prise, elle prendrait plusieurs années à être mise en œuvre. Notre scénario central aujourd’hui, c’est que rien ne change.

Prévoyez-vous de perdre encore des parts de marché après la fin des tarifs réglementés pour les entreprises et les collectivités ?

Nous avons conservé les trois-quarts de nos clients sur ce segment, ce qui montre la qualité de nos prestations et l’engagement de nos équipes aux côtés de nos clients. Nos parts de marché sont susceptibles de légèrement s’éroder, nous avons des concurrents qui vont bien et ont de plus en plus de moyens, notamment grâce à l’Arenh (qui permet aux concurrents d’EDF d’acheter une part de sa production à un prix garanti, ou sur le marché si le prix y est plus bas, NDLR). L’Arenh est une subvention directe à nos concurrents, devenue anachronique.

Vous défendez une nouvelle régulation pour améliorer vos résultats. Où en est ce chantier ?

Nous avons obtenu la mise en oeuvre d’un mécanisme de capacité pour rémunérer la disponibilité des moyens de production qui sont peu utilisés mais qui participent à la sécurité d’approvisionnement. Nous avons aussi obtenu un dispositif anti-spéculation sur l’Arenh, et nous avons l’espoir de rediscuter de manière plus large le principe même de l’Arenh. Quant au dossier de la taxe carbone, ce sera au prochain gouvernement de le mener à bien.

L’augmentation de capital vous permettra d’investir dans les deux EPR qu’EDF doit construire en Grande-Bretagne. Quel peut être l’impact du Brexit ?

L’impact semble neutre pour nous. D’un côté, la dévaluation de la livre britannique renchérit le coût des importations, mais cela fait aussi monter l’inflation, sur laquelle nos recettes sont indexées.

Source : Veronique Le Billon /  Laurent Flallo / Emmanuel Grasland, Les Echos, le 7 mars 2017

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